Tout parait simple en fait là. Dans quelques jours, ça fera 4 mois que je suis là, purée 4 mois, j’ai rien vu passer. Et il me reste qu’un mois et demi, mais plus que ce peu de temps qu’il me reste, ce qui me fait halluciné, c’est le temps que j’ai passé ici. En fait, a y penser, si le chiffre 4 fait beaucoup, dans ma vie de tous les jours, dans le ressenti, c’est évident que je suis là depuis un petit bout de temps. Je parcours les rues, je rentre chez moi tout naturellement, avec une suite de gestes automatiques, par habitude. J’ai pas le souvenir d’avoir eu de gros moment dans le voyage où je me suis dit que je me faisait chier. Contrairement aux semestres à Reims, où il y a toujours des coups de mou… ici, pas de souvenir de ça. Je crois que je pourrais rester là encore un certain temps.
Sauf que l’été en France, j’en ai trop envie. Trop de projets, trop de choses à faire, trop de gens à voir. Mais ce n’est pas pour autant que j’ai envie de partir d’ici. Je m’y sens super bien dans cette petite vie. Je m’emplis les poumons de l’air pourris de Pékin, m’amuse à suivre de loin l’actualité du monde, qui me parait tellement lointaine… j’écoute le dernier album d’Alanis Morissette (du très bien), je passe des petites soirées tranquilles, je profite des pékinois et du beau temps. Comme si, après tout, ici c’était juste chez moi. Peut-être bien que ça l’est, au fond.
[2 Dreams]
Au début, il y a les gens. Puis il y a ce qu’ils font, les échanges, les rires, les mélanges, les pensées, les sentiments… C’est ça qui nous fait nous sentir vrais, vivants et vifs. C’est ça que j’adore ici, c’est que quelque soient les événements, quoi qu’il se passe autour de moi, rien ne laisse indifférent. Ca peut être de l’énervement, de la passion, de l’admiration, ou quoiqu’est-ce, mais il y a toujours quelque chose qui tourne dans ma tête. Pas, ou peu de blancs. Je ne sais pas si ce que je veux dire est bien exprimé, j’en doute, étant donné que je ne n’ai pas moindre idée de comment coucher ça sur le papier. Je sais pas, là où Paris tout me parait plat et commun, ici tout est… à l’inverse. C’est vif.
Mais j’ai cette énergie, cette envie de profiter à fond des choses ici, des gens. J’aimerais pouvoir la garder encore longtemps après mon retour en France, pouvoir encore dire que what the fuck, même si on le sait pas, il y a toujours un putain de compte à rebours en train de tourner quelque part. Je sais que c’est un discours à la con, mais c’est ce que j’ai dans la tête maintenant. J’ai été trop con pour ne pas l’avoir appliqué jusque là, j’espère ne pas l’être assez pour continuer dans cette voie.
Je sais, pas de nouvelles depuis plus de dix jours, mais pourtant y’a eu de l’activité. Visite du Stade, journée à la plage, cours, bières, beaucoup de paroles, du suspens, du « mais au fait qu’est-ce que je fout là ? », du retournement de situation, on se croirait dans un film ici, du « j’ai pas envie de rentreeeer », de la nostalgie, du manque, bref, beaucoup, beaucoup de choses.
Et au programme du reste du voyage ? No idea. Va juste falloir continuer, pas se poser de question, pousser plus loin et faire plus, jusqu’à plus soif, ou plutôt qu’on est plus le temps de s’abreuver de tout ce qu’ici peut apporter.
30/70.
Purée j’ai juste envie d’écouter du The National à fond avec un verre de whisky glace dans la main.
[3 Dreams]
Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Qu’il fait beau, chaud, que ce pays est aujourd’hui plus génial encore qu’il ne me le semblait hier. Cet endroit va tellement me manquer, les étales de fruits en pleine rue, le petit réparateur de vélo juste avant la route « Bagdad », la petite foule amassée devant l’hotel de luxe, spectateurs improvisés du show constant que sont les gardes et voituriers de l’hotel, les mamies qui dansent à l’angle de la rue la petite fuwuyuan du Rock Pizza, le garde de la résidence toujours aussi joyeux chaque jour… Putain les gens sont beaux ici, la vie semble tellement plus vraie, plus physique, plus réelle. Tu sens l’air passer dans tes poumons (bon ce qui n’est pas forcement bon signe, j’avoue), tu sens la poussière sur ton visage (idem), la chaleur qui rends chacun de tes muscles plus vif.
I wish I could take pictures of all that, keep my memories. Mais c’est déjà entrain de fade away. Il y a tellement de chose, le principal j’ai envie de dire, que je ne pourrais tout simplement jamais vous montrer, et que chaque seconde j’oublie un peu plus. Je ne suis même plus sur de pouvoir me rappeler exactement comment je me sentais quand je suis arrivé ici. J’étais paumé, curieux, et en plein dans la découverte. Je le suis encore un peu, mais ça a évolué. Je me demande souvent si ce voyage m’a changé. Plusieurs fois, avant que je parte, on me disait « tu vas voir, ca va te transformer, c’est une expérience unique et tu ne reviendra pas comme tu l’étais avant ». Je ne sais pas si c’est vrai. J’ai vu les autres changés, alors j’imagine que c’est le cas pour moi aussi.
Depuis cette semaine, et particulièrement ce week end, j’aime Beijing encore plus que jamais. Je suis tout seul à l’appart ce week end, les autres sont à Xi An. J’ai pas voulu y aller, ca coutait un peu cher pour aller voir une ville dans laquelle je suis déjà allé. Bref, donc ce week end, solitude à l’appart, je pensais que ça allait me peser… mais au contraire, ça m’a permis de retrouver un peu de calme, et de profiter à fond de choses ultra simples, genre se balader dans le quartier, dans les Hutongs… Juste écouter le nouvel album de Death Cab en profitant d’ici, de Pékin. Essayer de graver dans ma tête ces choses que dans moins de deux mois, je ne reverrai plus avant… longtemps, surement. Mais je m’imagine déjà revenir, et verser ma larme en revenant manger au Rock Pizza ou au buibui rat…
[No Dreams]
- Parce qu’au début on était complètement paumés, mais que c’était fun. Le premier mois c’était gold.
- Parce que j’ai rencontré plein de gens de tout partout que je sais que le jour où je vais partir rien que de savoir que je les reverrais peut être pas je vais chialer comme un gosse de 4 ans qui veux une glace.
- Parce que Beijing c’est comme un énorme terrain de jeu.
- Parce que y’a des Pékinois partout, et que… bah ce sont les Beijinger, ils sont juste mythiques.
- Parce que y’a plein de choses à voir et à découvrir, que ce soit des temples ou autres endroits touristiques, ou autres.
- Parce que chaque petite sortie donne lieu à des moments uniques, tant ils peuvent être beaux, étonnants, choquants…
- Parce que tout est pas cher, qu’on fait la fiesta pour pas cher, qu’on mange super bien pour quelques dollars, qu’on achète des tee-shirts super bien pour 3€, bref, le pouvoir d’achat aide.
- Parce que les cours sont assez cools après tout…
- Parce qu’au moins ici il fait beau quasiment tous les jours.
- Parce que les voyages dans la Chine c’est juste à 100 milles lieux de ce que je pensais un jour connaitre et voir.
- Parce que c’est l’aboutissement de ce que j’ai voulu le plus depuis 4 ans, et que je ne suis pas déçu, que si c’était à refaire je le referais exactement de la même façon.
- Parce que tout le reste de ma vie je me retournerai en me disant que c’était un bout de ma vie unique.
[2 Dreams]